8 avr. 2012

La ballade des heureux doryphores

Un ami publie ce qui suit sur Facebook :

Vertumne :

« Pompidou disait des paysans que ce sont des paresseux qui se lèvent tôt. »

C'est une idée reçue que de croire que « nos ancêtres se cassaient le dos pour produire une mesure de farine ». Comparée aux travaux des secteurs secondaire et tertiaire, l'agriculture nécessite en réalité peu d'énergie, d'esprit et surtout de capacité de concentration. Certaines journées étaient éreintantes mais la plupart du temps, c'était ennuyeux, répétitif et facile, tant et si bien que les enfants avaient les capacités d'aider aux champs comme de petits adultes. De l'Irlande à l'Anatolie, les aptitudes que l'on demandait au paysan étaient une certaine résistance physique pour supporter la vie au grand air, un bon système immunitaire pour résister aux nombreux germes apportés par les animaux de ferme et des besoins nutritionnels faibles pour ne pas engloutir trop vite sa production. Ces qualités étaient et sont réparties très équitablement dans l'ensemble de l'humanité.

J'adore les jugements de cette sorte émanant de gens qui n'ont jamais arraché un plant de patates, jamais fauché une prairie à la faux, jamais piqué à la fourche une botte de foin pour la soulever jusqu'au fenil à la force des bras, ignorent le genre de travail que pouvait représenter l'usage du fléau, l'épierrage d'un champ, la lutte pied à pied contre les doryphores et autres nuisibles. Quant aux aptitudes demandées au paysan, de fait, elles sont un peu différentes que celles exigées pour un fonctionnaire dont tout le travail consiste à être assis du matin au soir les yeux fixés sur un écran. Disons que sans cette race « méprisable » et « fainéante » d'êtres humains, nous en serions encore à sucer des cailloux.

1 commentaire:

  1. Entièrement d'accord. Tout cet “échange” à propos de la fainéantise supposée des paysans est notoirement stupide.

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